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Troyennes - Les morts se moquent des beaux enterrements

Théâtre 13 – Le 05 décembre 2014.

Après le massacre, ne restent à Troie plus que les cendres et quelques vies, quelques cris. La mémoire des femmes se débat dans ce décor post-apocalyptique.

La mise en scène de Troyennes que nous propose Laëtitia Guédon est plurielle. Elle englobe toutes ces voix de femme, de leurs cris à leurs gémissements, de leurs douleurs à leurs colères, ces voix qui luttent pour la vie, qui luttent dans toute cette poussière. Leur arme c’est leur corps, leur mémoire.

Hécube (magnifiquement interprété par Marie Payen), Hélène, Cassandre, Andromaque… toutes parlent, n’abandonnent pas dans la défaite, elles se dressent encore, le visage maculé de cendres.

Au-dessus d’elles, plane l’ombre menaçante des vainqueurs, le regard avide des guerriers derrière leur armure, une horde de masques suspendue, qui flotte sur le plateau comme des rapaces, qui attendent de se repaître de la mort. Ils sont nombreux ces masques, en rangs serrés, petits ou grands, on finit même par les oublier ; mais ils veillent au dernier souffle, se délectent de l’agitation, savourent l’agonie. Ils sont vainqueurs et réclament leur butin.

Sous ce regard froid, toutes les luttes se jouent, aussi diverses que variées, elles touchent à la folie, à la lucidité, à la résignation ou à la colère. La dignité à tout prix, la dignité jusqu’au bout, la dignité sous toutes ses formes. Pluralisme des combats, des luttes qui trouvent écho dans la multiplicité des expressions utilisées :

Les paroles vibrent, les paroles s’essoufflent ; les chants montent, les chants se perdent ; les sons résonnent, les sons s’oublient. Tout éprouve les cris, les espoirs, les désillusions. Dans les cendres du désenchantement, la multiplicité des voix endure l’échec.

Cette diversité éveille l’universel, efface toute frontière et fait de ce discours un grand cri humain. Le français retentit du grec, résonne de l’arabe ; bruissement polyglotte, les langues rappellent qu’il n’est pas de frontière à la douleur. On chante sa mémoire dans une langue maternelle alors qu’à la sono, gémit une beatbox lancinante.

Si l’on peut éprouver parfois une tentative de jeunisme forcé dans ce travail, on n’en reste pas moins emporté dans le tourbillon de toutes ces pluralités qui rendent hommage aux propos universels de cette œuvre.

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