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Par-delà les marroniers

Théâtre du Rond-Point, Paris – Le 19 Avril 2016

Pour parvenir « Par-delà les marronniers »il faut accepter l’incongru parcours de trois hommes avant-gardistes (un peu), étranges (beaucoup), étrangers (souvent). Pénétrer « Par-delà les marronniers » c’est accepter de (re)faire le chemin de trois pré-dadaïstes qui ont dit, chacun à leur manière, la joie d’être ailleurs. Être ailleurs en rebelles, être là-bas, en solitaire et de vivre l’espérance de la fantaisie. Ces trois hommes, que Jean-Michel Ribes réunis en un texte, sont Jacques Vaché, Arthur Cravan et Jacques Rigaut.

De prime abord, on ne trouve rien dans ce spectacle à quoi se raccrocher : ni les textes, construits autour des journaux de ces trois hommes, ni la scénographie qui ne représente rien de concret, ni même l’histoire qui agglomère trois destins. Et pourtant, en relisant le sous-titre « revu(e) », en se plongeant dans les mots que Jean-Michel Ribes emprunte à ces trois hommes et en se laissant porter par le travail effectué autour de l‘absurdité des choses, on a soudain la mémoire de ce mouvement, désir artistique qui a voulu, à un instant précis de l’histoire, dépasser les frontières du réel, comprendre le monde différemment. Ce qui se passe dans cette revu(e), c’est une mise en corps même de la pensée surréaliste. Ces dandys nous livrent une pensée. Cette dernière est dévastatrice.

Entourés et entrecoupés par des « Girls » qui font leur cabaret, celui de leurs pensées, on passe d’un univers à l’autre, d’un pays à l’autre. Ces filles font à la fois le tragique et le burlesque au milieu de trois récits, au cœur de ces trois hommes qui se racontent. Tous les trois, laconiques, attachent si peu d’importance aux choses, désertent plusieurs pays, sont en proie à la rapidité. Les girls, elles, précipitent tout, passant d’un escalier qui mène nulle part à un appartement qui n’a pas de mur, traversant des pays qu’elles ne voient pas, exécutant des numéros inconnus… Elles donnent de la couleur et créent un arc-en-ciel de plumes, de lumières, de bois…Eux, se racontent ; elles, précipitent le temps pour partir soudainement en barque et se laisser aller à la tentation du suicide. Rien n’a de sens, rien n’a vraiment bougé, les frontières ne sont pas les nôtres, et soudain, l’on a atteint ce lieu précis, aux frontières de l'absurde, « Par-delà les marronniers ».

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