ADN Baroque ou Les larmes des Dieux
Récital baroque Théophile Alexandre / Jérémie Honnoré
Eglise Saint-Marcel, Paris – Le 18 février 2016
Ce qui constitue la musique baroque, ce sont de purs moments de grâce sublimés de virtuosité. Le simple est sublime, l’agrémenté est virtuose. C’est cette essence même du baroque, cet ADN-là que nous proposent les deux interprètes de ce récital sous titré les larmes des dieux. Si les Dieux pleurent, ce sont des perles de pureté qui invitent au recueillement. Dès le premier morceau de ce récital, on fait ce chemin vers le divin, vers l’intime, vers le recueilli ; on sent dès lors l’épectase musicale que va être ce concert.
ADN baroque s’ouvre donc sur une invitation à la quiétude qui dépose nos âmes agitées, essoufflées par le quotidien. D’un main à la fois ferme et délicate, Jérémie Honnoré verse la première larme des Dieux avec l’Adagio di Marcello de Bach. Il respire cette musique et nous redonne souffle. A présent nous somme prêts à recevoir la virtuose grâce du baroque.
Théophile Alexandre entame ce récital où il alterne des airs étendus, étirés voûte céleste que le souffle porte avec des airs virtuoses où chaque ornement est une perle supplémentaire au joyau baroque.
Tour de force vocal, le programme égraine son chapelet de perles précieuses avec certains des plus beaux airs pour contre-ténor : Alto giove, If love’s a sweet passion, cold song… pour les plus illustres. Si l’on sent quelques fébrilités ou tensions parcimonieuses dans la voix de Théophile Alexandre, on se laisse pourtant vite emporter par son timbre chaud et sa voix souple. Ses notes tenues sont comme des plateformes vers les grâces et ses ornements subtilement exécutés. Il nous offre cette musique avec une force interprétative et une réelle émotion.
L’accompagnement de Jérémie Honnoré porte cette interprétation dans la plus parfaite mesure. Face à un tel programme, on comprend soudain que la grâce existe.