Concerto de musique romantique - Œuvres de Brahms
Anya Ricois-Potapov - Studio Regard du Cygne, Paris – Le 06 février 2016
Rendez-vous annuel, le récital de piano d’Anya Ricois-Potapov présente cette fois-ci les jeunes années de Brahms. On relève d’abord la prouesse du répertoire, une musique qui expose toute la fougue et l’éparpillement du romantisme.
Dans le début des années 1850, Brahms, considéré comme le successeur de Beethoven, propose un cycle de trois sonates pour piano. De ce cycle, Anya Ricois-Potapov nous expose les deux dernières sonates précédées du Scherzo op. 4.
Le premier sentiment qui envahit le spectateur néophyte, c’est l’utilisation pleine et entière de l’instrument. Le jeune compositeur explore le piano dans toute la force de ses notes les plus graves et dans toute l’expressivité de ses notes les plus aiguës. Sous le doigté virtuose de notre interprète du soir, nous plongeons soudainement dans le caractère fougueux de l’époque, les ambiances profondes et tourmentées auxquelles viennent s’adjoindre les âmes éparpillées des artistes romantiques et nous laissons emporter pleinement.
Anya Ricois-Potapov rend le plus bel hommage à ce caractère romantique. Fougueuse et passionnée, elle expose une première partie intense avec des œuvres dédicacées. En effet, Brahms dédia le Scherzo op. 4 en mi bémol mineur à Ernst Ferdinand Wenzel et sa Sonate n°2 op. 2 en fa dièse mineur à Clara Schumann. Dès cette première partie, nous sommes propulsés dans l’univers tourmenté tout autant que virevoltant de la musique de Brahms. Chaque respiration de la pianiste laisse présager une vibrante interprétation. Délicate et légère, elle recrée les harmonies sublimes des œuvres présentées. Le récital se termine avec une deuxième partie composée de la Sonate n°3 op. 5 en fa mineur que Robert Schumann qualifia lui-même de « symphonie déguisée ». Près de quarante minutes de musique qu’Anya Ricois-Potapov exécute d’une traite à la fois emportée et posée. L’œuvre, à l’écoute, peut sembler disparate, mais elle crée des ambiances qui touchent au sublime. L’interprétation nous rend parfaitement ces ruptures éclatantes qui laissent présager les futures symphonies. Passant de la puissance des Forte graves à la couleur d’éther des Piani aigus, nous touchons aux sphères romantiques et nous nous laissons éparpiller dans l’atmosphère. La fougue romantique nous disperse dans le sublime parfaitement servi par le talent d’Anya Ricois-Potapov.
